Je Pense donc... J'écris 2025
Je pense donc j'écris
Individualisme (5 janvier)
Paradoxe : l'évolution de nos sociétés occidentales voit l'individualisation portée à son plus haut sommet. Au détriment de la communauté. La personne n'a jamais été autant respectée de toute l'Histoire. On reconnaît partout l'unicité de chaque être vivant. Cela déborde maintenant sur la condition animale. Chaque personne est un trésor. Chacun a cette chance inouïe de pouvoir choisir. Jamais dans l'Histoire, nous n'avons eu notre destinée entre nos mains de cette façon.
Cependant, nouvelle ambivalence : jamais nous n'avons autant désiré ressembler à un modèle, jamais nous n'avons réagi d'un même mouvement, jamais nous n'avons vécu sur le même mode. Un vrai troupeau. On nous vend du particulier (bienvenue dans « votre » magasin – non, ce n'est pas « mon » magasin) en mettant tout en œuvre pour que l'on réagisse globalement. Miracle de la production de masse et la consommation à outrance. On nous laisse l'impression, fausse, de pouvoir choisir, alors que nos choix sont largement conditionnés.
D'une manière générale, ce qui donne l'impression que tout va mal, c'est justement de le savoir. La multiplication des sources d'information et, surtout, cette façon de pousser au sensationnalisme, de tout aggraver (ainsi, la présentatrice de la météo qualifiera un petit deux degrés de température polaire – je veux bien que le réchauffement climatique aille dans ce sens, mais deux degrés au pôle, c'est la canicule!) pour simplement attirer l'attention. On multiplie les images chocs, on se focalise sur des faits divers, oubliant au passage son ridicule pourcentage global. Si l'on montre des images d'accidents routiers, avec force gros plans sur des carcasses d'automobiles pliées – ou pire – on oublie simplement de mentionner que le nombre des tués diminue régulièrement d'année en année et même s'il était constant, il diminuerait relativement étant donné l'explosion de la circulation routière.
Autre paradoxe concernant cette individualité : on est plus seul au milieu de la multitude. Ces mégapoles qui font se coexister des millions de solitudes. Ces téléphones mobiles qui permettent de communiquer mais pas d'échanger. On parle, on filme, on envoie. Mais on ne partage plus. Nous sommes devenus des robots, réagissant plus par instinct que par raisonnement. Pascal, réveille-toi, nous sommes devenus fous !